Le dossier
Maths : focus sur la « méthode de Singapour »
⏱ Temps de lecture : 6 min
Dès la rentrée prochaine, les nouveaux programmes de l’école primaire engageront à adopter progressivement un enseignement des mathématiques s’inspirant de la démarche utilisée à Singapour.
Ce qui est nommé Méthode de Singapour renvoie à la fois à une réalité géographique, celle d’une cité-État de 720 km2, avec 181 écoles primaires, et à un réalité éducative imposant une forte pression aux élèves. Dès les années 80, le programme de mathématique de Singapour s’est centré autour de deux éléments : d’une part la résolution de problèmes ; d’autre part une approche résumée par le triptyque « Concret – Imagé – Abstrait » visant à accompagner le passage du concret vers l’abstrait via la manipulation de matériel ou la schématisation.
Qu’appelle-t-on les « mathématiques de Singapour » ?
Les Singapouriens ont une réponse très intéressante à cette question. Pour eux, il n’existe pas de « mathématiques de Singapour ». C’est le nom que le monde donne à ce qu’ils font, alors qu’eux estiment simplement faire « des mathématiques de qualité ».
Ces mathématiques placent l’enfant au centre, en tenant compte de sa maturité, de sa curiosité, et surtout du plaisir qu’il a naturellement avec les nombres et les formes, c’est-à-dire l’arithmétique et la géométrie. Elles veillent à le stimuler et ne pas le laisser décrocher.
Le programme de mathématiques de Singapour ne se revendique pas d’une méthode à proprement parler. Aucune recherche ne donne d’informations précises sur l’étendue des prescriptions institutionnelles, sur les utilisations et les adaptations en classe, et donc sur son efficacité.
Quels sont les principes fondamentaux de cette méthode ?
Les publications institutionnelles du MENJ retiennent principalement deux éléments : l’approche « Concret-Imagé-Abstrait », En France, nous traduisons maintenant cette formule, dite « CIA », en « manipuler, représenter, abstraire »; et un outil, « le schéma en barres ». Concernant cette approche, elle n’est pas étrangère aux enseignants français qui connaissent bien l’intérêt de passer par la manipulation pour aller vers l’abstraction. L’utilisation de cubes emboîtables pour travailler la numération décimale est, par exemple, assez répandue en France. Néanmoins, cette approche nécessite une grande expertise pour être mise en œuvre efficacement.
L’utilisation de schémas barres pour aider les élèves à se représenter un problème arithmétique peut être utile, mais elle ne doit pas se substituer à la résolution de problèmes en elle-même : il est contreproductif de l’imposer à tous les élèves et peut même s’avérer inapproprié pour les élèves ayant une autre représentation du problème. De plus, tous les problèmes de maths ne se prêtent à l’utilisation de cet outil, notamment s’il faut passer par plusieurs étapes de raisonnement.
Une méthode en phases
Toutes les leçons – que ce soit l’addition, les fractions, la proportionnalité, etc.- commencent dans le réel, dans le quotidien de l’enfant, avec des manipulations d’objets, des mises en scènes de situations. Cette phase, très appréciée des enfants, est déjà en partie présente dans nos classes.
La phase de manipulation est suivie d’une phase de représentation qui peut prendre différentes formes : un schéma, un diagramme, un dessin, un modèle en barres, etc. Cette phase intermédiaire est essentielle pour atteindre la phase d’abstraction. Or souvent, cette phase n’est pas toujours bien pensée. Les élèves ne voient pas toujours le lien entre la manipulation qu’ils viennent de faire et les phrases mathématiques, écrites en symboles, qu'on leur demande d'écrire.
Et tout au long de ces trois phases d’apprentissage, la verbalisation est clé, par le professeur comme par l’élève. Le pédagogue psychologue Lev Vygotsky a en effet établi que les connaissances se construisent dans le dialogue.
Traditionnellement, dans les séances de mathématiques, l’enfant était finalement peu invité à verbaliser lui-même, à raconter comment il a fait, ce qu’il en pense… Il restait passif face au professeur qui enseignait.
Le rapport de Cédric Villani et Charles Torossian (12/02/2018) pour l’enseignement des mathématiques souligne ces performances et formule des recommandations en lien avec la démarche utilisée à Singapour pour mettre en œuvre un apprentissage des mathématiques fondé sur la manipulation et l’expérimentation, la représentation puis l’abstraction en incitant à une verbalisation par le professeur et par les élèves tout au long des apprentissages.
Numérique
Primàbord
Le portail du numérique pour le premier degré
Primàbord est un portail collaboratif dédié aux usages du numérique du cycle 1 au cycle 3. Il mutualise des ressources pour enseigner (activités, séances, séquences...), pour s’inspirer (dispositifs, projets...) ou pour se former(documents de référence, parcours M@gistère...).
Climat scolaire
L'amélioration du climat scolaire est devenue un enjeu majeur de la politique publique en matière d'éducation. L'évaluation du climat scolaire reflète le jugement des parents, des personnels et des élèves concernant leur expérience de vie et du travail au sein de l'école.
Il renvoie donc à la qualité de vie à l'école. Il concerne les normes, les buts, les valeurs, les relations interpersonnelles, les pratiques d'enseignement, d'apprentissage, de management et la structure organisationnelle inclus dans la vie de l'école.
Le travail sur le climat scolaire permet d’améliorer les résultats scolaires, le bien-être des élèves et des personnels et de diminuer les inégalités scolaires, l’absentéisme, les violences, ainsi que le harcèlement. Tout au long de cette année, nous vous proposerons des articles sur cette thématique.
Les messages clairs : Une technique de prévention et de résolution des petits conflits à l’école
⏱ Temps de lecture : 4 min
Promu au Québec par Danielle Jasmin dans la mouvance de la pédagogie Freinet, le message clair peut se définir comme un échange verbal entre deux élèves en relation duelle visant à la résolution de petits conflits entre pairs. Il peut se dérouler en classe, dans la cour de récréation ou dans le cadre des conseils d’élèves
Le message clair vise donc à orienter la discussion vers la résolution non-violente de petits différends, à désamorcer de petits conflits entre pairs, dans un esprit de responsabilité, de respect mutuel et de construction de l’autonomie. À ce titre, il apparaît comme un outil pertinent pour améliorer le climat scolaire dans le premier degré.
Une triple formulation
La technique des messages clairs s’appuie formellement sur une triple formulation qui doit faire l’objet d’un apprentissage par les élèves, par exemple dans le cadre de jeux de rôles :
l’énoncé des faits qui permet de situer et clarifier le moment du différend ;
l’expression des émotions et des sentiments induits par la situation ainsi que des besoins ;
une demande de retour de la part de l’interlocuteur visant à la résolution du conflit. C’est en effet celui qui a énoncé le message clair qui détermine si le différend est réglé ou non.
Un plan en 6 étapes
Sur le plan pédagogique, il est possible de distinguer pour les élèves 6 courtes étapes :
1. Je préviens l’autre : j’ai un message clair à te dire ou je veux te faire un message clair ou ce que tu m’as dit/fait m’a fait souffrir et je vais te faire un message clair. Es-tu prêt(e) à m’écouter ?
J’explique pourquoi :
Quand tu te moques de moi...
Quand tu me pousses...
Quand tu fais du bruit pendant que je travaille...
Je dis ce que je ressens : j’ai de la peine / mal / peur... Je suis en colère / énervé...
J’exprime mon besoin :
◦ ... car j’ai besoin de (calme pour travailler / d’être en sécurité / de progresser en...)
Je vérifie que l’autre a bien compris : as-tu bien compris ?
Je propose une solution : j’aimerais que tu ne te moques plus de moi / j’aimerais que tu ne recommences plus / que tu me présentes des excuses / que tu fasses une réparation.
Deux pré-requis
Un apprentissage préalable par les élèves des différentes étapes, notamment dans le cadre de jeux de rôles.
L’apprentissage d’un lexique relatif aux émotions et aux sentiments.
Les limites de la technique des messages clairs doivent être explicitées aux élèves :
Elle ne peut concerner que de petits conflits quotidiens (moquerie, détérioration d’un objet, etc.). Toute atteinte à l’intégrité ou à la sécurité de la personne relève de l’adulte-référent qu’est l’enseignant dans la classe ou la cour de récréation.
Si, par exemple, « l’agresseur » refuse le message clair, s’il se moque de son interlocuteur, s’il recommence ce qui lui est reproché, la victime est en droit d’avoir recours à l’adulte ou au conseil d’élèves.
Il n’est pas souhaitable que les élèves s’isolent dans le couloir à cet effet, pour des raisons de sécurité et de surveillance.
Les langues
Repères de progression et attendus de fin d’année
Après les repères de progression du cycle 3 parus en début d’année, ceux du cycle 2 viennent de paraître. Ces repères et les indicateurs associés proposent des ressources tels que des albums ou comptines comme entrée dans les apprentissages.
En langues vivantes, les attendus de fin d’année sont adossés au CECRL et déclinés dans 4 langues : en anglais (pour les cycles 2, 3 et 4). Ils précisent les objectifs, notamment linguistiques, et donnent des exemples de réussite concrets selon les niveaux du CECRL visés.
Les attendus de fin d’année en anglais pour les niveaux du cycle 2 viennent aussi de paraître.
Butinage
Réécoutez le direct !
Le 22 mars dernier, l’émission en direct “Elles d’Afrique” était diffusée à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Vous pouvez réécouter cette émission En Replay.
Pépite d'école
Cette nouvelle rubrique de la lettre info de la ZAO mettra à l’honneur des réalisations de classe, des projets menés, des productions d’élèves, que les enseignants souhaitent valoriser et encourager.
Aujourd’hui, nous partons à l’école Renée GUILLET de Thiès au Sénégal où les élèves de CM1 et CM2 ont produits des textes à partir de leurs propres productions d’arts plastiques, dont le thème était « La foule ».
Après avoir peint « des foules », les élèves devaient organiser leur récit autour de 5 mots : Sénégal, foule, personne, gradin et regarde. En s’appuyant sur cette consigne, ils ont imaginé et mis en mots la description de la scène, de l’ambiance, mais aussi les intentions et les émotions des personnages.
L’impulsion pédagogique, donnée par les contenus de l’animation de zone (obligatoire et filée) sur la production d’écrit en cycle 3, a fait suite à un travail très riche et rondement mené par leurs deux enseignantes de la classe Françoise et sa collègue Jeanne.